Une personnalité qui a marqué Villars : Anne Rosat, 50 ans de passion

9 août 2021

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S’il est une personne au monde à avoir eu une influence déterminante sur l’image de notre société, c’est bien Madame Anne Rosat !  Cette merveilleuse artiste, altruiste, généreuse, passionnée nous a offert notre logo dans des temps difficiles.  Nous ne pourrons jamais l’oublier.

Une artiste reconnue de ses pairs

En son temps, l’artiste Yoki lui avait rendu hommage :
Elle appartient à la famille de ces êtres qui conservent, en étant adultes, aussi bien la fraîcheur du regard qu’une incessante faculté d’émerveillement devant l’humble quotidien. On l’imagine sans peine, fillette blonde aux yeux bleus, qui, par grâce et par instinct, découvre peu à peu la beauté secrète de la campagne ardennaise où elle est née.

De ses racines belges aux alpages suisses

Tout en demeurant attachée à Bruxelles où elle grandit et fit ses études, elle est toujours ravie de retrouver pour de longues vacances son pays de collines et ses vastes ciels. Essaye-t-elle de lire en filigrane dans la mouvance de leurs nuages la direction que va prendre son destin, la souriante et rêveuse adolescente qui s’appellera bientôt Anne Rosat et dont le nom sera accolé un jour à ceux d’Hauswirth et de Saugy sur la liste des savoureux imagiers du Pays d’Enhaut ?

Son pays, elle le quittera bientôt – à la faveur d’un amour de rencontre et définitif – pour les Alpes Vaudoises. Pour une vallée resserrée aux gorges escarpées, où ces ciels étendus qu’elle aimait tant, seront réduits à être entrevus, découpés entre des sommets rocheux.

Sur les pentes herbeuses de son pays d’adoption, les arbres se détachent à la manière des estampes japonaises. A l’instar des imagiers-découpeurs, leurs créateurs pratiquent, et avec quelle maîtrise, l’art de l’à-plat.

On sait aussi qu’au pays du soleil levant, on n’a que faire des ces subtiles distinctions entre beaux-arts et arts appliqués. A juste titre. Car d’après Maritain, il n’y a que « l’art tout court, s’appliquant à des fonctions déterminées ».

Le développement d’une technique

C’est un mouvement naturel de son cœur qui va la conduire à exercer l’art du découpage aux ciseaux. Pour faire plaisir à son mari, empêché d’acquérir un très bel Hauswirth, Anne entreprend de le copier. Cet effort méritoire va lui céder une part des secrets de cette technique singulière : celle d’un art plus riche et plus intérieur qu’il ne paraît, et qui trouve ses plus justes expressions dans une représentation bidimensionnelle.

Riche de cette certitude, Anne Rosat ne cessera donc de chercher sa voie propre et de parfaire sa technique. Dans une démarche originale, elle ne craindra pas d’inclure dans son espace ornemental des collages ou des superpositions mais sans jamais omettre de faire chanter la couleur par d’heureuses combinaisons harmoniques. Que d’inventions et d’ingéniosité requiert cet art du papier découpé qui exige de surcroît, une patience confondante. Ces vertus nécessaires, Anne les possède à un haut degré.

De l’artiste à l’amie

Il n’y a pas chez notre amie de séparation entre l’art et la vie. Disponible, elle vit l’instant en plénitude, demeure curieuse de tout et aime partager ses amitiés. Je la crois infiniment sociable parce que précisément capable de cette solitude si nécessaire à tout vrai créateur. Quand on se hasarde à lui demander quel est son peintre préféré, elle répond immanquablement : Piero della Francesca. L’art du fresquiste toscan la séduit autant par le savant agencement de ses compositions que par la musicalité d’une couleur, rare et ensorcelante. Mais l’éventail de ses amours demeure largement ouvert. Il ne l’empêche pas d’aller quérir quelques leçons auprès des simples imagiers d’autrefois dont elle goûte, comme à l’église de Gessenay par exemple, le savoureux hiératisme des scènes en registres. Les surfaces de ses découpages, elle s’ingénie à les faire habiter avec la même fraîcheur d’âme.

Sans cesser de demeurer attentive à l’importance des vides et à l’expressivité de ses couleurs favorites, toujours raffinées. En essayant de ne point se laisser se dissiper l’émotion nourrie au départ de ses créations par une amoureuse observation de la nature et en dotant d’une vie autonome un dessin auquel la découpe aux ciseaux confère un caractère unique.

On le voit, l’art de ce type d’imagier, donc celui d’Anne Rosat, justifie pleinement la belle définition qu’en a donné Hello : « L’art, c’est la forme que l’amour donne à la matière ».

La chronologie du parcours d’Anne Rosat

  • Née en 1935 dans les Ardennes Belges.
  • Institutrice, elle se marie et s’installe aux Moulins (Suisse) en 1958.
  • Elle découpe depuis 1969 et utilise tout de suite la couleur et la superposition des papiers, approfondissant ainsi le technique très particulière du papier découpé.
  • Dès 1970, elle expose régulièrement à Lausanne, Genève, Zürich, Cortaillod, etc… Participe à des expositions à New-York (1974 et 1985) Paris ( 1974), Lugano, Venthône, Coire, etc… ainsi qu’à la Fondation Gianadda à Martigny (1985 et 1996-97).
  • Elle a réellement contribué au renouveau du papier découpé en Suisse, relançant l’intérêt pour cet art traditionnel en le faisant connaître au-delà des frontières. Ses découpages figurent dans de nombreuses collections et musées, en Suisse et à l’étranger.
  • Sollicitée de toutes parts, elle crée entre autres en 1997 un foulard pour la maison Hermès à Paris.
  • Egalement très investie au niveau humanitaire,  elle crée et préside  de 2001 à 2014 à Bruxelles, le «Fonds Anne et Aloïs Rosat-Colin» qui venait en aide à des populations scolaires de milieu multiculturels défavorisés et de jeunes handicapés.
  • Dès 2003, elle fonde l’Association Maïa Suisse et s’investit au Burkina-Faso pour l’éducation des filles, pour le financement d’Activités Génératrices de Revenus pour les femmes des hameaux de brousse (moulins à céréales, micros-crédit, diverses fabrications de produits à vendre sur les marchés, forage d’eau potable, école maternelle, etc…)
  • En 2009, l’ « Association Plans-Fixes » lui consacre un film, «Papiers découpés, un art heureux» en reconnaissance pour son parcours artistique et son engagement humanitaire.
  • En 2015, la Commune de Château d’Oex, lui décerne la « Bougeoisie d’Honneur ».
  • En 1998, elle avait reçu l’Ordre de la Couronne de Belgique.
  • En 2013 la décoration de l’Ordre de Léopold.